J’ai connu un homme qui m’a écrit

« Parfois, je me suis retrouvé dans des situations où je me sentais incompris. Il s’en suivait un sentiment d’isolement ; Une grande tristesse ; Le sentiment de perdre un ou une amie ; ou même parfois, je me demandais ce qui cloche chez moi … en tout cas, au bout d’un moment, je me suis parfois retrouvé dans des situations où je préférais ne plus m’exprimer, et garder mes soucis pour moi. Personne ne me comprenais, je me sentais seul, isolé, incompris « .

« Seul » et « isolé » sont des constats, « incompris » est un diagnostic.

Se sentir incompris n’est jamais un état qui peut être soit bien vécu soit mal vécu, ni être dans un déséquilibre : c’est un diagnostic d’un état de souffrance.

On peut être seul et isolé et s’en trouver parfaitement bien. Evidemment, pour l’équilibre général, on évitera de rester isolé trop longtemps. On peut être trop ou pas assez seul, ou juste de qu’il faut ; Trop ou pas assez isolé, ou juste ce qu’il faut. Et chaque-un trouve son « juste ce qu’il faut » selon ses propres besoins, selon son propre point d’équilibre.

Lequel change au cours de la vie. On peut avoir besoin de plus de solitude quand on est dans tel âge, ou après tel événement, ou encore dans tel environnement.

Il est important de ne pas se figer soit dans une certaine dose nécessaire, de se laisser l’ouverture du possible, du possible changement ;

Il est important aussi de respecter le fait que les autres n’ont pas les mêmes besoins que soi, de rester tolérant et ouvert, et que eux aussi connaissent des changements dans ce besoin, dans l’existence.

Il en est ainsi pour le reste : chaque personne interprète et vit sa propre réalité selon ce qu’on appelle sa carte du monde. Et l’aspect affectif et émotionnel prend une grande place dans notre « réalité ».

Prenez l’exemple typique de la crise Covid : Ceux qui ont vécu la mort et la maladie de près ont naturellement eu très peur, tout comme ceux qui regardaient les news ; Ceux qui ont besoin d’explications et de coupables étaient submergés et se sont trouvés figés, dans le déni, c’est une autre forme d’effroi. Toutes ces personnes étaient dans un état émotionnel intense.

Chaque mot porte une signification différente pour chaque personne. Chaque mot fait vibrer en nous des significations, des schémas, des liens affectifs, notre propre histoire. Un mot aussi banal que voiture porte des significations totalement différentes. Un certain nombre de mot sont plus porteurs d’émotions que d’autres. Accident, piège, couteau, couverture, internet, chien, souris, médecine chinoise, hypnose, bible, viande, épices, moto, etc… ne sont que des mots de « choses » concrètes, mais portent en eux une palette de significations très variées. Ajoutez à cela les mots amour, accident, solitude, marcher, voler, pleurer, rire, douleur, trahison, abandon, et vous trouverez à ces mots non-concrets une foule de significations pourtant très fortes ! Des mots non-concrets qui vont renvoyer à des états très concrets dans nos corps.

Chacun vit ces mots et tout ce que nous voyons et vivons chaque jour à sa manière. Par conséquent, les mots ne sont que les mots, c’est leurs significations que nous vivons ! Et les significations sont différentes d’une personne à l’autre.

Donc, quand j’exprime mon malaise à une autre personne, j’exprime des mots qui traduisent MON PROPRE ETAT EMOTIONNEL ;

ET la personne RECOIT mes mots SELON SES PROPRES SIGNIFICATIONS !

Par conséquence, lorsque je m’exprime, l’autre comprend selon sa propre vision du monde, et je n’ai pas besoin de me sentir incompris. Je reste moi, l’autre reste lui ou elle, et c’est bien ainsi. C’est un état naturel des choses, tout simplement : je peux m’en sentir soulagé, ce n’est pas moi qui m’exprime mal, ce n’est pas l’autre qui reçoit mal.

Simplement, ce qui est important, c’est que chacun s’exprime à sa propre manière, sans frein. Ce qui est important c’est d’être à l’écoute de l’autre ;

En étant conscient qu’on ne peut pas être compris comme on voudrait être compris, on peut assumer cela et s’abandonner à s’exprimer librement, sans peur, sans reproche ;

En étant conscient qu’on ne peut pas comprendre l’autre de la même manière qu’il/elle le vit à l’intérieur de lui/elle, on peut s’abandonner à écouter sans juger.

Dans cette tolérance, nous pouvons avancer ensemble, c’est la non-compréhension qui nous porte, car nous nous abandonnons à nos humanités, à la tolérance, à la bienveillance, à l’écoute.

Et alors survient la magie : quand nous nous abandonnons à cela, ce que nous vivons change de lui-même, et le fait d’exprimer ses besoins et ses souffrances nous soigne, et commence le processus de guérison.

 

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